À propos
La communauté a pris conscience.
Absa Diakhaté, Superviseur de zone en milieu rural
L’Association pour la Promotion de la Femme Sénégalaise (APROFES), fondée en 1987 par un groupe de jeunes femmes, est une organisation dirigée par des femmes et née de la conviction que le manque de prise en compte des préoccupations féminines entrave le succès des programmes de développement. Elle rassemble des femmes de divers horizons et vise à soutenir les initiatives locales, en particulier celles des femmes et des jeunes, à travers des programmes de formation, d’éducation, de plaidoyer, de soutien aux activités productives et d’amélioration du cadre de vie.
Le centre d’écoute de l’APROFES dispose de deux chambres réservées à l’accueil d’urgence des victimes de violences basées sur le genre. Il assure la prise en charge intégrale des frais de séjour des femmes et de leurs enfants pour des périodes allant de quelques jours à plusieurs semaines.
Je suis divorcée et j’ai un enfant à charge. Mon mari m’a quittée quand mon enfant avait deux mois juste après la fête de Tabaski. Je ne peux pas vous dire ce qui s’est passé parce que j’étais malade.
Ma mère n’a pas beaucoup d’argent pour m’aider. C’est pourquoi je suis venue dans ce centre pour que vous puissiez m’aider.
F – 27 ans.
Mon mari a enceinté
notre fille.Chaque soir après la prière de 19 heures, son père l’appelle pour lui donner une potion pour qu’elle se lave avec. Ma fille A. a constaté qu’à chaque fois qu’elle se lave avec cette potion, elle se sent comme hypnotisé et c’était durant ces périodes que son père en profitait pour abuser d’elle.
Lorsque la situation a été découverte, son père a fuit en Gambie. Lors de la fête de la Tabaski passée, il est revenu à la maison et, lorsqu’il a su que sa fille était tombée enceinte, il a de nouveau fuit à Mbour.
J’ai d’abord observé que ma fille vomissait tout le temps, et je lui ai alors posé la question à savoir si elle avait des infections intestinales. Elle m’a répondu que non. Vu que j’étais moi-même enceinte et que je devais aller voir mon médecin, je lui ai proposé de
B. – mère de A.
m’accompagner…
Je veux vraiment de l’aide. Je veux que mon père soit jugé et emprisonné pour ce qu’il m’a fait.
A.
Nous sommes tous polyvalents au centre et sommes formés à différentes tâches.
Cela nous arrive souvent d’arriver et de trouver une situation. Et on intervient. Si un mari bat sa femme, on discute avec lui. Il y a le chef de village, la responsable des femmes, l’imam. On discute avec eux des conséquences que cela peut entraîner dans la communauté. Si on peut régler la situation dans le village on le fait, sinon on transfère le cas au point d’écoute à Kaolack.
Notre première intervention c’est vraiment de faire la médiation pour garder la stabilité de la famille. De nos jours, ce sont même les hommes qui viennent accompagner les femmes qui sont victimes de quelque chose. Il y en a beaucoup qui les accompagnent au centre d’écoute.
Au début c’était vraiment difficile, mais les gens dénoncent maintenant. La communauté a pris conscience.
Absa Diakhaté, Superviseur de zone en milieu rural dans l’une des zones d’intervention de l’APROFES.
Je pense que ce n’est vraiment pas normal du point de vue légal. Juridiquement, c’est une répudiation, car votre mari n’a pas le droit de vous expulser de la maison de cette manière. Seul un agent assermenté a le droit de le faire.
Nous allons vous mettre en contact avec un huissier. Une fois chez lui, expliquez-lui la situation, que votre mari vous a expulsée de la maison sans vous fournir de moyens de subsistance. Qu’il est parti en voyage sans vous avertir, et à son retour, il vous a demandé pourquoi vous étiez dans sa maison.
Ndèye Dieumbe Diagne, coordonnatrice du point d’écoute et d’orientation de l’APROFES, à une femme venue au centre.