À propos
Le centre d’hébergement pour jeunes femmes mères célibataires est le seul pour la région de Saint-Louis. C’est une structure privée qui fonctionne grâce à des subventions de partenaires et les cotisations des parents pour l’école. Depuis 2011, il propose l’école élémentaire en plus de la maternelle qui accueille des cas sociaux et les enfants des pensionnaires en insertion en plus des enfants du quartier. Il comporte trois chambres pour héberger les mères dans un immeuble en location.
Des gens d’un autre centre m’ont récupérée à la gendarmerie, m’ont d’abord recueillie dans leur centre puis m’ont amené ici. Le centre m’a aidée jusqu’à l’accouchement. Le personnel du centre m’a aidé à retrouver la personne qui m’a mise enceinte et à déclarer le bébé à l’état civil.
J’ai qu’un seul rêve actuellement : retourner à l’école.
K. – 16 ans
J’ai accouché à l’hôpital. C’est quand j’en suis sortie que je suis venue au centre, car j’ai été exclue de la maison familiale.
J’ai été formée en informatique tout d’abord avant d’être formée à la petite enfance pour m’occuper d’une crèche. Cela m’aide un peu à me réintégrer dans la société parce que j’ai passé une grande partie du temps ici sans sortir. Cela m’a aussi aidé à me ressourcer, à mettre un peu d’ordre dans ma tête. C’était bien de m’isoler un peu.
T. – 24 ans
Quand j’ai su que j’étais enceinte, je suis partie chez lui pour l’informer. Il m’a dit qu’il n’était pas le père. Je n’ai pas insisté. Je me suis dit que l’on ne peut pas obliger quelqu’un à prendre ses responsabilités. Tu ne peux pas avoir des rapports intimes avec une fille jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte et dire après que tu n’es pas le père. C’est insensé, c’est absurde.
Je ne voulais pas rester à Dakar. Je voulais m’éloigner mais je n’avais pas pensé à tous les détails. C’était juste nécessaire.
B. – 21 ans
Titulaire du BFEM et de nombreux certificats de formation tel que le micro-jardinage, le secrétaire exécutif de l’AFE m’a formé dans le domaine social, sinon je n’y connaissais pas grand-chose auparavant.
Il y a de cela près de 3 ans, j’ai été embauchée à l’AFE comme monitrice à la maternelle. Quelques temps après je suis devenue la secrétaire de la maternelle, puis la gestionnaire pendant trois mois.
Ensuite, on m’a affectée ici pour être assistante du volet social parce que j’aidais déjà au centre de temps en temps.
C’est moi qui ai choisi de travailler dans le social. Je ne suis pas là pour que l’on me paye beaucoup d’argent. Je suis là pour aider les gens.
Aïssata Melissa Ndiaye, assistante du volet social à l’AFE
On fait parfois des campagnes pour sensibiliser les jeunes du quartier sur la santé de la reproduction. Certains viennent aussi vers nous pour avoir des renseignements. Il n’y a pas assez d’enseignements. Les gens ne sont pas instruits. Il faut beaucoup les sensibiliser, les réorienter, leur parler de la vie sociale vu qu’ici il y a beaucoup de mamans qui ne sont pas allées à l’école. Ça c’est un problème majeur.
Nous n’avons pas assez de moyens pour faire certaines choses pour les nécessiteux. Il y a beaucoup de demandes, mais il n’y a pas assez de places. Dans le quartier tout le monde sait qu’on fait de l’hébergement pour les cas qu’on reçoit. Il n’y a pas de problèmes avec eux. J’assure la permanence de sécurité, je n’habite pas loin.
Amadou Koumé, responsable du dortoir d’urgence à l’AFE depuis 2019
Assistante sociale de formation et sociologue, la prise en charge est vraiment mon domaine de prédilection. L’AFE en tant que structure privée fait vraiment la prise en charge.
Je pourrais dire que nous avons des moyens limités. Ce que nous pouvons faire c’est assister les victimes de VBG, les loger, les nourrir pour une période bien définie. Les moyens font défaut, parce que nous n’avons pas beaucoup de partenaires.
L’un des droits fondamentaux des enfants, c’est le droit à l’éducation. Ce qui veut dire que nous ne devons pas priver les enfants du centre du droit à être scolarisés comme tous les autres enfants. Après l’accouchement on ne peut pas abandonner ces enfants là. Donc on essaie de les intégrer dans notre école.
Pour l’aspect juridique, nous faisons vraiment beaucoup de choses. Par exemple, si une jeune fille vient déclarer qu’elle a été victime de viol ou de toute autre forme de violence, nous pouvons l’écouter et essayer de mener notre propre enquête.
Ce qu’on privilégie généralement, c’est la médiation mais pour les questions de viol, c’est un peu délicat. On essaie d’alerter la police lorsque la victime le permet pour dénoncer les cas de viol ou d’inceste. Il y en a beaucoup trop malheureusement. Mais ici, au Sénégal, nous n’avons pas cette culture de la dénonciation. C’est comme si les gens ont peur de dénoncer les auteurs de ces faits. Parfois, quand ils viennent pour les dénoncer, c’est déjà trop tard car l’irréparable s’est déjà produit, comme une grossesse avancée. De plus, les enfants grandissent avec ce choc psychologique, qui fait qu’il sera très difficile de les récupérer.
Mme Guissé Fatou Lamane Fall, directrice administrative de l’AFE depuis quatre mois.